Qu'est-ce qu'un mouvement de terrain ?

Mis à jour le 22/11/2023
Les mouvements de terrain sont des déplacements, plus ou moins brutaux, du sol ou du sous-sol, d’origine naturelle ou résultant d’activités humaines (origine anthropique). Ils dépendent notamment de la nature, de la disposition et de l’état de fracturation des couches géologiques (sol et sous-sol), ainsi que des efforts qui y sont appliqués. Les volumes en jeu sont compris entre quelques litres et quelques millions de mètres cubes. Les déplacements peuvent être lents (quelques millimètres par an) ou très rapides (quelques centaines de mètres en quelques secondes).

Comment se manifeste-t'il ?

Les mouvements de terrain peuvent être lents ou rapides

> Les mouvements lents

Ils entraînent une déformation progressive des terrains pas toujours perceptible par l’homme, causant des fissures dans les bâtiments. Les désordres peuvent se révéler si graves pour la sécurité des occupants que la démolition des bâtiments s’impose.

Ils comprennent :

  • les affaissements consécutifs à l’évolution de cavités souterraines, naturelles ou artificielles, évolution amortie par le comportement souple des terrains de couverture,
  •  les tassements par retrait de sols argileux et par consolidation de terrains compressibles (vases, tourbes …),
  • le fluage de matériaux plastiques sur faible pente,
  •  les glissements qui correspondent au déplacement en masse, le long d’une surface de rupture plane, courbe ou complexe, de sols cohérents,
  •  le retrait ou le gonflement de certains matériaux argileux en fonction de leur teneur en eau.

> Les mouvements rapides

Ils peuvent toucher les personnes, avec des conséquences souvent dramatiques. Ces mouvements peuvent aussi atteindre les infrastructures (bâtiments, voies de communication…), allant de la dégradation à la ruine totale.

Ils peuvent être scindés en deux groupes selon le mode de propagation des matériaux, en masse ou à l’état remanié :

  • Le premier groupe comprend :
    • les effondrements qui résultent de la rupture brutale de voûtes de cavités souterraines naturelles ou artificielles, sans atténuation par les terrains de surface,
    •  les chutes de pierres ou de blocs provenant de l’évolution mécanique de falaises ou d’escarpements rocheux très fracturés,
    •  les éboulements ou écroulements de pans de falaises ou d’escarpements rocheux selon des plans de discontinuité préexistants,
    •  certains glissements rocheux.
  • Le second groupe se compose :
    • des  coulées boueuses qui proviennent de l’évolution du front des glissements. Leur mode de propagation peut être extrêmement rapide et s’apparenter à du transport fluide ou visqueux,
    • les laves torrentielles qui résultent du transport de matériaux en coulées visqueuses ou fluides dans le lit des torrents de montagne.

Toutes les communes du département sont concernées par les mouvements de terrain. Par ailleurs, 116 communes sont spécifiquement concernées par l’existence de cavités souterraines.

Les différents types de mouvements de terrain dans les Alpes de Haute-Provence

                                                Glissement de terrain à Digne-les-Bains

> Les chutes de pierres et de blocs ou les écroulements en masse

Les actions météorologiques (vent, pluie, gel, etc.) sur les falaises et les versants rocheux peuvent engendrer des chutes de pierres, de blocs ou des écroulements en masse. Ces chutes sont difficiles à prévoir.

  • Quelques évènements majeurs :
    • en 1987, à Meyronnes, une chute de rocher sur un car cause la mort d’une adolescente ;
    • en 1998, à Saint-Paul-sur-Ubaye, a lieu un éboulement de la Reyssole et des chutes de blocs à Senez ;
    • en janvier 2008, des blocs chutent à Volx et en décembre 2008, à Mézel ;
    • en août 2013, un écroulement en masse de plusieurs centaines de milliers de m3 affecte la rive gauche du torrent des Sanières sur la commune de Jausiers, sans faire de victimes ;
    • le 8 février 2014, à Saint-Benoît une chute d’un bloc de 20M3 écrase la motrice du train des Pignes occasionnant 2 morts et l’interruption de la national reliant Dignes-les-Bains à Nice pendant plusieurs semaine ;
    • en janvier 2016, la chute d’un bloc provoque le décès d’un grimpeur à Moustiers;
    • en décembre 2019, un bloc de 3000 m3 s'effondre aux Mées, deux maisons sont rasées, trois autres sévèrement endommagées.

                                                    Chute de bloc, aux Mées

> Les glissements de terrain par rupture d’un versant instable

C’est un déplacement d’une masse de terrain de volume variable (de quelques dizaines de mètres cubes à plusieurs millions de mètres cubes) et d’épaisseur variable, généralement lent (quelques millimètres à quelques mètres par jour), sur une pente, le long d’une surface de rupture. Ils se produisent en général en présence de matériaux de faible cohésion et dans des sols souvent saturés en eau.

Les facteurs déclencheurs sont naturels (fortes pluies, séisme, ...) ou anthropiques (travaux de terrassement, déboisements importants, surcharges …).

Les glissements de terrain, aussi nombreux que diversifiés, peuvent se produire en surface ou en profondeur, ce qui les rend difficilement détectables dans ce dernier cas. Le réchauffement climatique qui va s’accompagner d’évènements météorologiques plus fréquents et d’intensité plus élevée, ou du moins les températures moyennes annuelles élevées de ces dernières années, font craindre l’émergence de nouveaux phénomènes de glissements en zone de montagne.

  • Quelques évènements majeurs :
    • le 24 décembre 1916, un glissement de terrain entraîne l’effondrement d’une partie du village de Courbons, à Digne-les-Bains ;
    • depuis 1982, sur les communes de Saint-Pons et Barcelonnette, s’est activé le glissement de terrain de La Valette. Il s’agit du 3ème glissement de France par le volume de matériaux en mouvement. Ce glissement, bien qu’animé depuis quelques années par des vitesses de déplacement plus faibles (quelques centimètres par mois), est toujours en mouvement et constitue une menace sur certains secteurs urbanisés de ces deux communes ;
    • en 2000 : Champourcin à Digne-les-Bains;
    • entre décembre 2002 et mai 2003 : Villard-des-Dourbes à Digne-les-Bains;
    • en mai 2004 : Nibles (RD 951 coupée);
    • en juillet 2006 : à la Condamine, au vallon du Bérard, s’est produit le glissement d’un glacier rocheux;
    • le 8 juin 2008 : de fortes pluies ont provoqué un glissement suite à l’affouillement par la Bléone sur la route de Chavailles;
    • le 14 mai 2010, un glissement de terrain s’est produit avec éboulement rocheux dû à de fortes pluies au lieu-dit Le Lac (Prads Haute Bléone). La route a été coupée sur 50m;
    • le 05 novembre 2011, la route Sainte-Tulle/Pierrevert a été coupée pendant 5 jours en raison d’un glissement de talus, dû à des pluies intenses. C’est 20m3 de matériaux qui ont limité l’accès à la route;
    • en 2012, A Allos : glissement de versant dû à des infiltrations d’eau à l’amont. Cela s’est étendu sur une longue période : novembre 2011 à mai 2012. Le 26 mai 2012 : glissement de terrain dû à de fortes pluies (environ 100mm en 3heures) à Chaudon-Norante. La RD20 a été fissurée;
    • en novembre 2012 à Allos : glissement de terrain dû à des précipitations s’étalant sur plusieurs jours. La voie communale desservant plusieurs habitations dont le hameau de Brouchier est détruite sur 4 lacets;
    • le 07 mars 2013 : glissement et éboulement sur 1500m3 du versant supérieur de la RD10, la route est impraticable par le dépôt des matériaux sur 50m;
    • le 29 mars 2013 : glissement de terrain de la route d’accès au hameau des Bronzets à Puimichel. Le glissement a mis 4 jours à être stabilisé. Un hangar a été partiellement détruit et une ligne électrique a été sectionné;
    • le 28 mai 2013 : route de Courbons emportée en partie au lieu-dit ravin de la Chapelle;
    • en mai 2013 : peuplement forestier détruit (1200m3), à Faucon de Barcelonnette;
    • le 21 novembre 2016 → 176mm est tombé en 48h, des murets et murs de soutènement ont été détruits à Entrevaux;
    • le 1 février 2019 : la chaussée RD948 (le Lauze) est impraticable;
    • le 10 Mai 2021 → RD902 fermé pendant une semaine, parapet déstabilisé et fendu (Saint-Paul-Sur-Abaye)

Un glissement de terrain toujours actif :

Depuis 1982, sur les communes de Saint-Pons et Barcelonnette, s’est activé le glissement de terrain de La Valette. Il s’agit du 3ème glissement de France par le volume de matériaux en mouvement. Ce glissement, bien qu’animé depuis quelques années par des vitesses de déplacement plus faibles (quelques centimètres par mois) est toujours en mouvement et constitue une menace sur certains secteurs urbanisés de ces deux communes.

> Les coulées boueuses

Elles sont caractérisées par un transport de matériaux sous une forme plus ou moins fluide. Les coulées boueuses se produisent sur des pentes, par liquéfaction des terrains. Des coulées de boues peuvent également se produire lors de fortes précipitations sur des terrains nus ou dont les arbres ont été brûlés lors d’un incendie. Voir rubrique Le risque feu de forêt dans les Alpes de Haute Provence.

  • Quelques évènements majeurs :
    • en 1994 : coulée de boue à Annot ;
    • en août 2002 : Saint-Paul-sur-Ubaye;
    • en juillet 2003 : à Faucon-de-Barcelonnette ;
    • en juillet 2005 : coulée de boue à Prads suite à de fortes pluies;
    • en octobre 2005, sur les hauteurs de Manosque au quartier La Thomassine suite à un incendie;
    • en avril 2013 : circulation perturbée (RD20) à Entrages;
    • en juin 2014 : circulation interrompue à Valensole sur la RD8;
    • en novembre 2016 : route coupée par coulée à Méolans;
    • en octobre 2019 : coulée en aval du chemin de Caguerenard à Digne-les-Bains;
    • en novembre 2019 : chemin d’accès à la ferme Saint-Maime obstrué par des coulées boueuses (Senez).

                                       Banquettes grillagées, col du Corobin

> Les affaissements et effondrements de cavités souterraines

Ils sont liés à l’existence de vides souterrains, dont l’évolution dans le temps cause des désordres plus ou moins importants en surface. Ils peuvent produire d’abord des affaissements de sols (dépressions topographiques), suivis dans certains cas de cratères engendrés par l’effondrement du toit d’une cavité (fontis).

Les cavités souterraines peuvent être soit :

  • liées uniquement à des mécanismes naturels, comme par exemple la dissolution de matériaux solubles (calcaire, sel gemme, gypse, etc.). D’où le phénomène de karstification (creusement de grottes, avens, boyaux...), dont la rapidité et l’importance dépendent du contexte hydrogéologique ;
  • consécutives à des travaux d’origine anthropique, comme les carrières ou les mines anciennement exploitées puis abandonnées. Ces travaux, le plus souvent souterrains, provoquent les mêmes instabilités de terrain que les carrières. Ils peuvent également entraîner des risques d’échauffement avec émission de gaz toxiques ainsi que des émissions de radon.

La spécificité des cavités souterraines dans les Alpes-de-Haute-Provence résulte dans le fait que :

  • 116 communes sont concernées dans le département par l’existence de cavités souterraines parmi lesquelles on distingue 4 communes sur lesquelles des enjeux humains existent et qui nécessitent la réalisation d’études plus approfondies, avec un PPR Plan de prévention des risques incluant le risque minier : Manosque (Carreau de Gaude), Pierrevert, Saint-Maime et Sigonce.

> Le phénomène de retrait-gonflement des argiles

Les variations de la quantité d’eau dans certains terrains argileux produisent des gonflements (période humide) et des tassements (périodes sèches) qui peuvent avoir des conséquences importantes sur les bâtiments n’ayant pas pris en compte cet aléa dans leur conception. Le montant des indemnisations relatives à ce risque arrive en deuxième position au niveau national après les inondations.