Comment se manifeste l'inondation ?

Mis à jour le 22/11/2023

Ce risque naturel est le plus important en terme de fréquence d'apparition et peut se manifester sous différente forme.

                               Crue de la Durance à Sisteron

Une inondation est une montée des eaux, plus ou moins rapide, dans une zone habituellement hors d’eau. Le risque inondation résulte du croisement de deux composantes : d’une part l’eau qui peut sortir du lit habituel d’écoulement du torrent ou de la rivière torrentielle ou remonter à la surface du sol et d’autre part l’homme qui installe dans une zone inondable des constructions, équipements et activités.

Toutes les communes du département sont concernées avec un degré d’aléa variable.

Différents types d'inondations peuvent se produire selon la nature du cours d'eau et les aménagements effectués par l'homme, tant dans le cours d'eau lui-même que dans l'ensemble du bassin versant. En règle générale, dans les Alpes-de-Haute-Provence, les crues sont de type torrentiel. Selon la pente du cours d’eau et la dimension du bassin versant, ces crues torrentielles peuvent être particulièrement violentes. 

> L’inondation par débordement de cours d’eau.

Selon la pente générale du cours d'eau, on peut distinguer plusieurs types de crues : 

  • les inondations de plaine des fleuves et des rivières, provoquant des inondations lentes. La durée de submersion est souvent longue (plusieurs jours) ;
  • les crues torrentielles, qui sont des crues rapides avec des vitesses d'écoulement importantes. Des érosions de berges sont possibles et des matériaux peuvent être transportés en grande quantité, les inondations par ruissellement provoquant un envahissement très rapide des lieux, particulièrement en zone urbanisée.

> La formation rapide de crues torrentielles en secteurs montagneux.

Dans les Alpes-de-Haute-Provence, les inondations liées aux débordements des rivières torrentielles peuvent se produire sur la Durance, l’Ubaye, le Var, le Verdon, ainsi que sur les rivières « à fond mobile » d’importance moyenne (notamment l’Asse, la Bléone, le Sasse et le Largue).

I - Les inondations liées aux débordements des rivières torrentielles

Ces crues sont générées par des précipitations plus ou moins intenses sur les bassins versants pendant une durée plus ou moins longue. L’eau se concentre dans le cours d’eau, qui sort de son lit. Elles sont caractérisées par une montée des eaux très rapide mais qui peut durer plusieurs heures en bout de bassin versant, des vitesses d’écoulement variables et une durée qui peut s’étaler sur plusieurs jours. Si leurs vitesses d’écoulement sont élevées, ces crues risquent d’affouiller, d’éroder des berges, voire de détruire des bâtiments. La rapidité de montée des eaux peut rendre l’alerte difficile. Ces crues sont donc particulièrement dangereuses, y compris pour les personnes.

En outre, les rivières torrentielles peuvent être chargées en matériaux, parfois de grande taille, arrachés des berges. Les risques d'embâcles (enchevêtrement d’arbres, de détritus, d’objets) sont fréquents lorsque le cours d'eau traverse des zones urbanisées avec de nombreux ouvrages de franchissement (ponts, passages busés, etc…). Lorsque ceux-ci sont mal conçus ou sous-dimensionnés, ils peuvent générer des embâcles et provoquer des débordements au droit des ouvrages, ou être détruits si la pression exercée par la crue devient trop forte.

II - Les inondations liées aux débordements des torrents

Ces inondations, spécifiques aux torrents de montagne, se caractérisent par une montée des eaux très rapide et de faible durée. Elles représentent une menace en raison de leur caractère imprévisible, de leur vitesse et de leur fort pouvoir de transport de matériaux (troncs d’arbre, galets, boues…) : à la crue liquide se joint une crue solide. Cet écoulement solide peut provoquer l’engravement (qui signifie couvrir de gravier) du lit mineur, ce qui diminue fortement ses capacités d’écoulement. Dans certains cas, des glissements de berges occasionnent la formation de boues épaisses et denses, capables de charrier des blocs rocheux de plusieurs mètres cubes : on parle alors de laves torrentielles.

À la confluence des torrents et de la rivière principale, une structure en forme de cône, appelée cône de déjection, s’est formée par apport de matériaux au cours des crues passées. Ce cône est plus ou moins étendu. Le lit des cours d’eau y est peu stable car il peut se déplacer pendant les crues importantes. Les bâtiments y sont très vulnérables et les conséquences des fortes crues peuvent être redoutables.

Seules les retenues artificielles implantées sur la Durance ou le Verdon peuvent connaître une montée lente des eaux sur une étendue et une hauteur importantes pendant une durée de submersion relativement longue. Le risque que cela peut engendrer est abordé dans la partie  « Rupture de barrage ».

III - Les inondations par rupture d'ouvrage hydraulique                     

Dans le cas de cours d'eau endigués, l’inondation peut survenir brutalement, soit par rupture de la digue, soit par surverse (débordement par-dessus la digue pouvant conduire à une rupture). Le phénomène peut être très brutal et d’autant plus dommageable que des enjeux humains et matériels sont proches de la digue. La subite inondation de ces secteurs ne laisse aucun délai pour intervenir et son énergie représente un danger pour les personnes et les biens. Se trouver derrière un ouvrage de protection dimensionné pour un certain niveau de crue peut donc augmenter le risque si l’ouvrage cède ou si l’eau dépasse le niveau prévu. Dans les Alpes-de-Haute-Provence, il existe un réseau important de digues qui protègent des secteurs habités ou des zones agricoles. Leur entretien est très inégal.

Un embâcle consiste en l’obturation d’un cours d’eau par un barrage naturel qui entraîne une retenue d’eau importante. Ce barrage peut être constitué d’éléments solides arrachés à l’amont et charriés par le cours d’eau (matériaux naturels ou artificiels) mais aussi être lié à un glissement de terrain. La rupture d’embâcle peut se produire durant la crue, mais aussi plusieurs jours après des pluies exceptionnelles ou un mouvement de terrain. Elle peut occasionner d’importants dégâts sur les zones situées en aval, car elle génère, comme une rupture de digue, une onde de submersion. En 1973, la rupture de l’embâcle créé par le ravin de la Boulette dans le lit du Bès, à Barles, a provoqué la déstabilisation du grand pont de Digne.

IV - Inondation par ruissellement pluvial urbain ou par refoulement des réseaux

Les orages violents sont souvent la cause de ce type d'inondation.

Ce type d'inondation a généralement lieu lors de pluies orageuses de forte intensité, quand les réseaux hydrauliques naturels (cours d’eau) ou artificiels (évacuation des eaux pluviales, réseaux d’assainissement) ne peuvent évacuer le surplus d’eau. Une remontée d’eau a alors lieu dans le réseau d’assainissement ou dans le réseau de canaux de drainage. Intervenant juste avant, pendant ou après la crue des cours d‘eau, cette inondation empêche l'évacuation des eaux et provoque son refoulement.

Le phénomène est amplifié par l’imperméabilisation des sols (bâtiments, routes), qui limite l’infiltration et génère du ruissellement. L’eau envahit alors les rues rapidement, parfois en moins d’une heure.

Dans les Alpes-de-Haute-Provence, ce sont les agglomérations les plus denses qui sont soumises à ce type d’inondation, telles que Digne-les-Bains, Manosque ou Château-Arnoux-Saint-Auban.